dimanche 4 mars 2018

Nouveau Mexique

Réinstallés en France depuis un peu plus de deux ans, nous avons de temps en temps l'occasion de retourner aux États-Unis et nous en profitons pour visiter une région à la recherche de beaux paysages, si possible dans le désert, et de vestiges indiens. L'an dernier, nous étions parti en voiture de San Francisco vers les "Four Corners" c'est à dire les quatre états dont la frontière commune est un point : Utah, Colorado, Arizona et Nouveau Mexique. Nous avions en fait essentiellement passé du temps en Utah, notamment vers "Bear Ears National Monument" où nous avions vu des habitations indiennes dans les falaises (Cliff Dwelling) très peu connues et absolument extraordinaires. Cette année le but était de se concentrer sur le Nouveau Mexique.



Étant donné qu'il faut compter environ 16 heures de route pour aller de San Francisco à Albuquerque, nous avons opté cette fois pour un voyage en avion complété par une location de voiture à Albuquerque. En comptant le coût du carburant et de l'hébergement, c'est finalement à peine plus cher que de faire le trajet en voiture et cela permet surtout de maximiser le temps sur place. 
La carte ci-dessus montre notre périple. En tout, un peu plus de 2000 km en 10 jours, ce qui peut paraître beaucoup, mais est en fait habituel pour un voyages aux États-Unis.
Le fait de partir en hiver nous permet de faire des randonnées qui seraient très difficiles voire impossibles en été, ces régions sont en effet désertiques avec des températures et une sécheresse qui peuvent devenir extrêmes. Le risque d'un voyage en hiver est par contre de rencontrer de la neige et de ne pas pouvoir accéder aux sites, il vaut donc mieux prévoir des itinéraires de remplacement et être prêts à changer de plan.
Hauts plateaux à plus de 2000 m et canyons typiques du Nouveau Mexique
L'autre avantage d'aller dans ces régions en hiver est d'être pratiquement seuls à visiter les parcs.
Le Nouveau Mexique a une altitude moyenne de 1735 m, c'est en fait essentiellement un haut plateau creusé par des canyons. Nous étions surpris lors de nos premières randonnées d'être facilement essoufflés, nous avons alors réalisé que nous étions la plupart du temps autour de 2000 m. C'est perturbant car les paysages à cette altitude aux États-Unis n'ont rien à voir avec ceux que nous connaissons dans les Alpes. Les grands arbres sont encore bien présents à plus de 2000 m et il n'y a bien entendu pas d'alpages !
Bien plus qu'en Californie, au Nevada, au Colorado ou en Utah, au Nouveau Mexique nous sommes sur des territoires indiens chargés de culture et d'histoire. Une sorte de point de rencontre (de choc...) des civilisations indiennes, et espagnoles, puis plus tard des colons venus de l'est. Plus qu'ailleurs, nous étions au Far West ! 

Première étape : White Sands National Monument

Descendus de l'avion nous avons tout de suite filé vers le sud, pratiquement à la frontière mexicaine. Nuit à Alamogordo afin d'être dès le lendemain matin à White Sands, un désert de gypse d'un blanc éclatant, c'est le plus grand des trois seuls déserts blancs au monde. Il faut en effet des conditions très particulières pour que le gypse s'accumule par ruissellement le long des montagnes environnantes, qu'il se transforme en sable par abrasion, puis surtout qu'il reste en l'état, grâce à une humidité minimale.
Le monument national de White Sands jouxte la base militaire d'essai de missiles, cela vous dit d'ailleurs peut-être quelque chose, car c'est ici qu'à eu lieu l'essai de la première bombe atomique américaine "Trinity". L'accès au parc peut d'ailleurs être fermé lorsque les militaires procèdent à des essais. 
Arrivés au point de départ de la plus longue randonnée du parc qui mène au site de "Alkali Flat", nous sommes tout de suite mis en garde par des panneaux sur les dangers du lieu; il peut faire évidemment très chaud et le risque de déshydratation est réel, l'endroit avait d'ailleurs fait la une des journaux en 2015  quand un couple était mort déshydraté tout près de leur voiture, leur fils s'en était tiré de justesse. Les panneaux attirent aussi l'attention sur les risques de se perdre, sur le fait qu'il ne faut pas compter sur le GPS car parfois les militaires brouillent le signal et mettent en garde contre les diverses pertes d'objets dangereux par les avions qui survolent ! (toujours envie de visiter ?...). Le risque de se perdre est réel, tout est blanc, minéral, quasiment sans végétation et la chaleur, même en février, est intense dès que le soleil perce les nuages.
Le paysage est époustouflant, étonnant, grandiose... On progresse de dunes en dunes en suivant attentivement le cheminement indiqué par des poteaux du même genre de ceux qui marquent les pistes de skis. Les dunes se déplaçant au grès du vent, certains poteaux sont pratiquement recouverts. Dès qu'on s'éloigne du parking, il n'y a plus personne, seule la ronde incessante des jets - pénible parfois - nous rappelle qu'on est bien sur Terre !
En quelques rares endroits, des monticules formés par du gypse un peu plus dur offrent une protection contre le vent ainsi qu'un peu d'ombre et permettent à la végétation de pousser. L'eau n'est parait-il pas très loin sous la surface. Au fil des millénaires, la végétation des déserts de sable s'est adaptée afin bien sûr de résister à la sécheresse et aux températures extrêmes, mais aussi à l'érosion qui vient sapper le sable et met à jour les racines. 
Nous sommes toujours surpris de voir à quel point la vie est résiliente et s'accroche même dans les endroits les plus minéraux qui soient.
Après 1h30 à progresser difficilement dans les dunes (et à s'amuser dans le sable) on arrive finalement à Alkali Flat, une immense étendue plate, les dunes ne se forment pas ici. Nous savons que plus loin, beaucoup plus loin, se trouve le lac Lucero, qui parfois se couvre encore d'un peu d'eau, il y a là des dépôts de sélénite, minéral splendide à la transparence éphémère. Malheureusement c'est hors de notre portée pour ce voyage, il aurait fallut réserver une visite avec les rangers du parc.

L'après-midi, nous avons visité d'autres  parties de White Sands plus faciles d'accès. La zone qui se trouve juste à la limite du désert est particulièrement intéressante pour la flore (et sans doute aussi pour la faune que nous n'avons pas vue). Le ciel tout autour est devenu noir et menaçant, le désert blanc était comme préservé au milieu des gros nuages. Le contraste entre le noir du ciel et le blanc du sable était vraiment saisissant.
En fin d'après-midi, nous sommes repartis pour la suite de nos aventures.


L'ensemble des photos est visible ici en pleine résolution. 

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