samedi 7 décembre 2013

Red Rock Canyon

La semaine dernière, alors que la plupart des américains mangeaient en famille la traditionnelle dinde géante de Thanksgiving, nous profitions de ce long week-end pour aller camper dans le désert Mojave et plus précisément à Red Rock Canyon.

Red Rock Canyon est un "State Park" c'est à dire qu'il est géré par l'État californien. Assez curieusement alors que dans bon nombre de parc, les visiteurs sont juste tolérés sur des chemins bien balisés, à Red Rock il y a peu de chemins et le parc se découvre par une exploration "hors pistes" en pleine nature, toute une partie du parc n'étant d'ailleurs accessibles qu'en 4x4 ou en motos-cross pour la plus grande joie des amateurs de sensations fortes.

Il y a 10 millions d'années, un lac se trouvait à la place de Red Rock Canyon. Suite à des mouvement tectoniques, le fond du lac s'est soulevé et a basculé en exposant de large plaques sédimentaires. Le pendage à 17 degrés des couches géologiques est d'ailleurs bien visible sur l'ensemble du relief. L'érosion a ensuite fait son oeuvre, creusant et ciselant les roches tendres pour former des canyons dans lesquels l'eau s'engouffre lors des rares mais intenses orages. La combinaison désert, grès rouges et érosion donne un paysage martien d'une beauté à couper le souffle.

Le "Ricardo Campground" qui a servi tour à tour d'étape pour les pionniers qui avaient survécus à la traversée de la vallée de la mort, de relais de diligence et de camp de chercheurs d'or, offre maintenant une cinquantaine de places de camping "à l'américaine", c'est à dire immenses, équipés d'une solide table et d'un large emplacement pour le traditionnel feu de camp. C'est ce que les américains appellent "primitive campground", car les sanitaires se résument à des toilettes sèches et à un point d'eau froide. On appelle aussi ces campings : "first in first served" car il n'est pas possible de réserver, s'il y a de la place, tant mieux, sinon il faut chercher ailleurs où convaincre un autre campeur de partager son emplacement. Cette fois, il y avais plein de place et nous avons planté notre tente aux pieds des falaises, non loin de l'endroit où nous avions fêté les 9 ou 10 ans de Korentin lors de notre premier séjour aux US.

La plante emblématique du désert Mojave est le Joshua tree ou yucca brevifolia qui s'épanouit sur ces terrains rocailleux en prenant des formes plutôt biscornues.

D'un abord très sec et minéral, Red Rock Canyon recèle en fait toute une flore adaptée à la sécheresse. Il pleut très rarement, mais quand la pluie tombe, les canyons se transforment en torrent et cascades et le terrain sableux emmagasine l'humidité, c'est alors la course contre la montre pour les végétaux qui sortent d'une sorte de mise en sommeil afin de pousser, fleurir, germer, ... avant que le soleil de plomb ne les forcent à utiliser toutes sortes d'artifices pour économiser la moindre trace d'humidité jusqu'à la prochaine pluie. 
Lorsque nous sommes allés à Red Rock Canyon, il avait plu la semaine d'avant et nous avons pu contempler toute cette vie qui reprenait : petites fleurs colorées, feuilles des plantes exhalant des essences hyper volatiles et odorantes, sol des oueds qui se craquelle sous la poussée de graines en train de germer, lichens colorés sur les rochers....

La faune par contre était fort discrète, nulle trace par exemple du "Roadrunner" le Bip-Bip de Tex Avery dans Wile E. Coyote, que nous avions pourtant vu à plusieurs reprises lors de notre dernier séjour. Renseignements pris au "visitor center", la sécheresse exceptionnelle de cette année aurait été fatale à de nombreux animaux.

Ceci étant, de nombreux trous, restant de nids et traces diverses, laissaient supposer que toute une faune était encore présente, tapie discrètement dans quelques recoins frais et humide.

Un regret : ne pas avoir trouvé les pétroglyphes tracés par les indiens. Il y en a parait-il de très beaux, mais la "ranger" du "visitor center" nous a expliqué qu'elle n'a pas le droit de dire où ils se trouvent afin de les protéger des dégradations. Si quelqu'un sait où ils se cachent, nous serions ravis d'avoir le tuyau !





























L'album photo complet est visible ici.

samedi 23 novembre 2013

Chicago Bulls versus Denver Nuggets

Cette semaine j'étais à Denver dans le Colorado pour participer à la conférence Supercomputing. Je ne suis pas spécialement amateur de sport, mais l'occasion s'est présentée d'assister à un match de basket de la NBA opposant les Chicago Bulls aux Denver Nuggets et je n'ai pas regretté ma soirée.

Le match avait lieu au Pepsi Center, aussi connu sous le pseudonyme de "The Can" (la canette). Il s'agit d'un complexe sportif de 20 000 places qui était quasiment plein ce soir là.

Le match lui même était de très haut niveau, c'est vraiment hallucinant de voir ces grands gaillards traverser le terrain en quelques enjambées et arriver à déjouer la défense en faisant suivre au ballon une trajectoire complètement improbable - du moins pour un novice comme moi - qui mène quasiment à tous les coups au panier. Ça joue très vite, très bien et c'est finalement très beau à regarder.
Le public commence à remplir les gradins du Pepsi Center à Denver
Au delà de l'événement sportif, c'est surtout tout un spectacle à l'américaine. Tout est orchestré à la seconde près pour le show. Avant le match les démonstrations de gymnastiques faites par de petites gamines "extra souples" précèdent la chorégraphie des traditionnelles pom pom girls (Cheerleaders). Ensuite l'hymne américain est chanté par une cantatrice pendant que des jeunes font ondoyer un immense drapeau déployé à plat au dessus du terrain. Et elle a un sacré coffre la cantatrice ! Ça vous donne des frissons partout...

Chaque temps mort du jeu est comblé par des jeux ou des animations publicitaires, on peut gagner une voiture ou un autocuiseur pour dinde de Thanksgiving ! Il y a même des petits dirigeables (comme la camionnette gonflable sur la photo ci-dessus) qui se baladent au dessus des gradins. 

Rocky, la mascotte des Denver Nuggets
Bien entendu tout cela est animé par Rocky, le lion de montagne mascotte des Nuggets. Il gagne parait-il très bien sa vie, mais il faut reconnaître qu'il se démène le lion, enchaînant les malices et les démonstrations de basket (il réussira notamment à marquer depuis le milieu du terrain en lançant la balle le dos tourné au panier). 

Régulièrement, les caméras retransmettent sur les écrans géants des gros plans d'un public tout heureux d'être filmé, c'est alors le festival de ceux qui dansent le mieux, des couples qui s'embrassent le plus tendrement ou tout simplement de ceux qui ont les yeux dans le vague car ils n'ont pas vus qu'ils étaient filmés.

Et au milieu de tout cela, toujours durant un arrêt de jeu, l'hommage rendu par 15 000 personnes à un vétéran dont on énonce les états de service. C'est un spectacle à l'image de l'Amérique, excessive, commerciale, mais sincère et tendre. J'ai beaucoup aimé !

Ah oui et au fait, les Nuggets ont gagné par 96 à 86 et Joakim Noah, chez les Bulls a très bien joué en début de jeu, moins bien après...

dimanche 20 octobre 2013

Government Shutdown

Parfois en tant qu'expatriés en Californie nous sommes témoin d'événements qui nous montrent à quel point le fonctionnement de la société aux États-Unis est différent de celui que nous connaissons en France. Ce fut le cas ces deux dernières semaines avec le "shutdown" du gouvernement fédéral.

Vu de France on imagine souvent le gouvernement fédéral et en particulier le Président des États-Unis doté d'un pouvoir immense, c'est certainement vrai dans beaucoup de domaines, notamment militaire, mais le pouvoir de la Chambre des Représentants et du Sénat est sur bien des sujets encore plus important. Le fait qu'il n'existe pas d'équivalent au fameux article 49.3 de la constitution de la République Française empêche le gouvernement des États-Unis de passer en force en engageant sa responsabilité (au risque d'être censuré bien sûr). Ici comme en France le budget fédéral fait l'objet d'une loi qui doit être votée par l'assemblée, mais comme on l'a vu, s'il n'y a pas d'accord entre le gouvernement (en fait le Président) et la chambre des représentants, le budget n'est pas voté et le gouvernement, faute d'argent, s'arrête de fonctionner. Il en est de même avec le plafond la dette américaine qui ne peut en aucun cas être dépassé sans passer par une loi. Normalement, ce mode de fonctionnement est plutôt démocratique puisqu'il oblige les partis à se mettre d'accord par voie de négociation. C'est d'autant plus vrai actuellement, puisque la Chambre des Représentants est à majorité républicaine et le sénat démocrate. 

Là, faute d'accord le gouvernement s'est donc retrouvé sans budget et aux États-Unis quand on n'a plus de budget on arrête de travailler. C'est une notion assez difficile à comprendre pour des français pour qui (du moins pour moi) il est inconcevable que l’administration s'arrête de fonctionner. Deuxième point "étrange" quand les fonctionnaires ne peuvent plus travailler, ils ne sont plus payés ! Comme ça... du jour au lendemain... cette situation de chômage technique est qualifiée de "furlough" en anglais.

Là où les choses deviennent carrément surréalistes pour un français, c'est que les gens râlent à peine et restent chez eux en attendant la réouverture des administrations. J'imagine la même situation en France :-)
La réalité des choses est toutefois plus complexe et je ne suis pas certain d'avoir complètement compris. Le fait est que les parcs et monuments nationaux ont tout de suite fermé leurs portes, certains ont ré-ouverts avec un financement spécial des États concernés, comme le Grand Canyon par exemple. Les choses sont très pragmatiques ici ; si les grands parcs sont fermés il y a moins de touristes pour dépenser de l'argent et il y a moins de taxes qui rentrent dans les caisses des États, le calcul est vite fait : cela revient moins cher de financer la réouverture des parcs que d'attendre que la Chambre des Représentants veuille bien voter une loi, et en quelques jours les fonds ont été débloqués.

En allant nous promener à Tennessee Beach dans Marin Headlands nous avons constaté quelque chose de bien curieux : Le parc était accessible à pieds mais les "facilities" ne fonctionnaient pas (parking fermé, toilettes non nettoyées (beurk !), ...). Un garde était payé toute la journée pour empêcher les voitures d'accéder au parking, mais comme on est aux États-Unis et qu'on ne veut pas d'accident, les bas côtés de la route avaient été aménagés afin que les voitures puissent se garer. Nous n'avons pas vraiment compris la logique de la chose...  

Le laboratoire dans lequel je travaille est financé par le DOE (Department of Energy), il aurait donc dû s'arrêter, mais en fait non car il y avait, parait-il suffisamment de réserve en banque (oui, oui, l'argent des labos est à la banque !) pour fonctionner pendant 6 semaines. Par contre, la NASA s'est arrêtée immédiatement. Je ne peux pas croire que la NASA fonctionne sans aucune réserve, je pense plutôt qu'il était important de frapper l'opinion publique en fermant cette organisation emblématique. Du côté de mon labo, les conséquences ont été un arrêt total de la communication vers le public, et l'interdiction de voyager sauf cas très particulier, par contre tout le restant a continué à fonctionner comme si de rien n'était. Plus grave par contre, le projet LSST devait passer une revue déterminante pour son financement, celle-ci est reportée à une date ultérieure en raison du "shutdown".

Les choses sont maintenant reparties, le budget est débloqué, le plafond de la dette relevé, l'administration fédérale fonctionne, John Boehner, le Président républicain de la Chambre des Représentants semble avoir pris une grosse claque... Mais est-ce si sûr ? N'en sort-il pas renforcé politiquement ? J'avoue que ma méconnaissance de  la politique US ne me permet pas de répondre à cette question. De même, je n'ai pas encore tranché sur le fait de savoir si ce mode de fonctionnement surréaliste pour un français est une leçon de démocratie ou bien le signe que quelque chose ne fonctionne vraiment plus ici. En tout cas, cette crise a permis à la Chambre et au Sénat d'entamer des négociations sur le budget qui vont se poursuivre jusqu'en janvier, date à laquelle un nouveau vote devra avoir lieu, c'est un fait notable car depuis des mois, c'est un dialogue de sourds qui prévalait. Nous verrons donc au début de l'année prochaine si un accord est trouvé ou si on repart pour un nouveau "shutdown".

On pourra lire ici une analyse très intéressante du "shutdown" publiée sur le site de l'école de droit de L'Université de Stanford.


mercredi 2 octobre 2013

Redwood burl

De notre visite de la forêt de Muir Woods nous avons ramené un morceau de nœud de tronc de séquoia sempervirens (coastal redwood). Rassurez vous, nous ne l'avons pas pris sur un arbre du parc mais simplement acheté au "visitor center". Les redwoods ont cette particularité de pouvoir engendrer des rejets à partir d'un simple morceau de tronc, c'est là l'une des techniques que cet arbre a développé pour faire perdurer l'espèce. Ces rejets jaillissent notamment après qu'un feu a ravagé la forêt.

Nous avons placé notre "burl" dans un récipient avec un fond d'eau et en 10 jours les petits redwoods ont déjà bien poussé, jugez plutôt...

23 septembre 2013

2 octobre 2013
Nous mettrons de temps en temps des photos de nos séquoias et nous verrons ce qu'ils seront devenus dans deux ans...

mardi 24 septembre 2013

Muir Woods, la forêt des Ewoks

Ça ne vous dit peut-être rien, mais la plupart d'entre vous ont déjà vu les séquoias de Muir Woods. Non ... Vous ne voyez pas ? Star Wars épisode VI, le retour du Jedi... La forêt avec les Ewoks ... Et bien c'est tourné à Muir Woods. Il est vrai que quand on voit les lieux, on a l'impression d'être soit sur une autre planète, soit revenu au temps des dinosaures.

Jusqu'au milieu du 19ème siècle la côte californienne était couverte de forêts de séquoias sempervirens qu'on appelle ici "redwoods" ; ce sont des arbres magnifiques pouvant atteindre plus de 100 mètres de haut. Malheureusement pour eux, les redwoods fournissent aussi un excellent bois de menuiserie ce qui leur a valu d'être décimés quand la Californie est devenu le terrain de jeu favori des chercheurs d'or. Plus chanceux, les séquoia géants (Sequoiadendron giganteum) moins hauts mais beaucoup plus gros que les sempervirens, ne valent parait-il pas un clou comme bois d'ouvrage.
Troncs de séquoias
Situés à une vingtaine de kilomètres du Golden Gate Bridge au nord de San Francisco dans le comté de Marin et bien que dans un lieu à l'époque assez difficile d'accès, les séquoias de Muir Woods étaient certainement eux aussi menacés. En 1905, William et Elisabeth Kent achetèrent le terrain afin de préserver les arbres, mais quelques temps après, Muir Woods fut de nouveau menacé par un projet de construction d'une retenue d'eau. William Kent siégeant au Congrès, put convaincre Théodore Roosevelt de sanctuariser Muir Woods en tant que Monument National, sauvant définitivement les redwoods qui, bien qu'en ayant vu d'autres, avaient quand même eu chaud ! Muir Woods fut nommé en hommage à l'explorateur John Muir qui œuvra beaucoup pour la préservation des sites naturels dont le plus célèbre est certainement la vallée de Yosemite.

Trace de feu sur les troncs
Outre la taille imposante des arbres, une chose surprend quand on se promène à Muir Woods : un très grand nombre de séquoias présentent de grandes marques noires, cicatrices de feux ayant eu lieu il y a bien longtemps. L'écorce des séquoias leur permet de bien résister aux flammes et à la chaleur. Le feu est même un élément indispensable au bon équilibre des forêts de redwoods, il élimine les broussailles et permet aux jeunes pousses de s'épanouir et ainsi de régénérer la forêt. On imagine en effet aisément qu'au cours du millénaire de son existence, un séquoia connaîtra bien des feux et s'en remettra...

Patricia donne l'échelle...
De la forêt de Muir Woods émane une grande sérénité, l'homme prend conscience de sa place par rapport à la nature et perçoit des échelles de temps qui ne sont pas les siennes. Le Président Roosevelt l'avait bien compris puisqu'il avait souhaité que les représentants des Nations Unies se rassemblent dans la forêt à l'occasion de leur création en 1945. 
Roosevelt mourut juste avant cet événement mais  son successeur, Harry Truman, reprit l'idée et les délégués des 48 nations honorèrent la mémoire de Franklin Delano Roosevelt le 19 mai 1945 au pied des séquoias. 


Peut-être serait-il temps d'organiser une nouvelle réunion des Nations Unies à Muir Woods...

Dans les parcs américains on n'enlève pas un tronc d'arbre, on coupe soigneusement un morceau pour laisser passer le chemin



jeudi 29 août 2013

Driver License

Le permis de conduire aux États-Unis est toujours un sujet d'étonnement pour les français expatriés. La première question qui se pose est : "dois-je repasser mon permis ? " et si oui "pendant combien de temps puis-je rouler légalement avec mon permis français ?". Aussi étrange que cela puisse paraître nous n'avons pour l'instant pas complètement élucidé ces deux questions ! Quand on lit le "manuel du parfait petit conducteur californien" ou "MPPCC" il semble que l'on doive repasser le permis dans les 10 jours suivants l'arrivée en Californie uniquement si on est assimilé à un résident. Le fait d'être propriétaire en France, de ne pas voter aux États-Unis et de ne pas payer un certains nombre de taxes, semble nous exclure de cette catégorie... Mais en discutant avec les gens du cru, l'idée communément admise est plutôt que si on est arrêté par la police ou pire si on a un accident on risque de gros soucis et au minimum d'avoir à défendre son cas devant un tribunal.

Le point intéressant est que les assurances s'en fichent. Aucun problème pour assurer sa voiture avec un permis français. Lors de notre premier séjour, l'assureur nous avait tout de même imposé de passer le permis avant un an.

Après quelques tergiversations la décision est prise ; nous allons repasser le permis de conduire. La première chose à faire est de télécharger le MPPCC sur le site Internet du Deparment of Motor Vehicle (DMV). La lecture du document est assez étonnante, il ne s'agit pas vraiment d'un "code" mais plutôt d'un ensemble de règles de bon sens, de recommandations et de bonnes pratiques ; très pragmatique en somme. La notion de vitesse maximale est floue, par exemple il est dit que lorsqu'on rentre sur une autoroute on doit se mettre à la même vitesse que le flot de voitures (sous entendu : même si celui-ci roule plus vite que la limite). Certaines choses sont carrément surréalistes, comme par exemple : "Do not shoot firearms on a highway or at trafic signs" !!! (page 71 du MPPCC). Ah bon ! Et dans une zone résidentielle, j'ai le droit ? D'autres règles sont assez locale comme le fait d'être obligé de tourner ces roues de manière à bloquer le véhicule contre le trottoir dans les rues en pente (très utile à San Francisco...).

Une fois le MPPCC assimilé, on prend rendez-vous au DMV (ou pas si on aime faire la queue) et on se pointe à la date et à l'heure dite. Premier obstacle ; passer les gardien(ne)s qui doivent être à peu près aussi avenants que le portail d'Alcatraz. Ceci dit, une fois passé, on tombe sur gens plutôt sympas et assez prompts à plaisanter où à expliquer qu'ils aiment bien la France et qu'ils ont de la famille à Grenoble. 

Donc dans l'ordre : 
  1. Prouver qu'on a un statut légal aux USA (formulaire DS2019 et I94 obligatoires)
  2. Prouver qu'on a l'âge que l'on prétend avoir
  3. Récupérer le formulaire DL44 et le remplir. Attention on vous demande votre taille en pieds et pouces et votre poids en livres, la conversion n'est pas toujours évidente et j'ai perdu quelques cm dans la bataille.
  4. Aller à un premier guichet
  5. Faire un test de vue, des deux yeux, puis chaque œil séparément (en fait lire 5 lettres sur un panneau accroché sous le plafond)
  6. Se faire prendre l'empreinte du pouce droit
  7. Payer 32$
  8. Aller se faire photographier
  9. Faire le test de type QCM. Soit c'est la première fois que l'on passe et il faut répondre à 36 questions et faire moins de 5 fautes, soit c'est un renouvellement et il n'y a que 18 questions pour 3 fautes permises.
Les tests sont vraiment très simples et la plupart des réponses se devinent sans avoir eu besoin de lire le MPPCC. Quand vous retirez le formulaire de test on vous souhaite "good luck" et on vous félicite quand vous avez réussi. Et en plus ça parait naturel !

Normalement, pour passer le permis il faut aussi avoir un numéro de sécurité social (sésame pour beaucoup de démarche aux USA), mais comme ils n'ont plus assez de numéros on peut expliquer dans le formulaire DL 44 pourquoi on n'en a pas. Nous, nous en avions un, durement acquis lors de notre précédent séjour.

Une fois le test passé on récupère un papier qui permet de conduire accompagné par une autre personne ayant déjà le permis. Bien entendu, vous n'allez pas faire ça, de toutes façons vous conduisiez déjà tout seul avant...

Donc, au plus vite vous reprenez rendez-vous au DMV pour le test "behind the wheel". Et pour passer le test... je vous le donne en mille ... vous y allez avec votre voiture ! Et si vous échouez ? Bah... vous repartez avec votre voiture (vous n'allez quand même pas la laisser sur le parking !)

Pour moi, ce fut la bonne surprise, mon permis de 1999 était toujours dans la base de données, j'ai donc eu le droit aux 18 questions et à une dispense d'examen de conduite.

C'est ça l'Amérique et franchement c'est rafraîchissant !

Stéphanie je pense à toi avec les 11 mois de délai pour repasser la conduite à Paris !

vendredi 23 août 2013

KIPAC

Mon bureau au SLAC est situé dans le KIPAC (Kavli Institute for Particle Astrophysics and Cosmology). Cet institut, comme plusieurs autres aux États-Unis et en Europe, a été fondé et financé par Fred Kavli via sa fondation. Fred Kavli est ingénieur physicien de formation et homme d'affaire. D'origine norvégienne, il a immigré aux États-Unis en 1956 et y a fait fortune en développant et en vendant des capteurs initialement destinés aux missiles, puis à d'autres applications industrielles, notamment l'aéronautique et l'automobile. En 2000 il a vendu son entreprise californienne et depuis, consacre son argent au financement d'instituts de physique qui portent son nom. Amateur d'art, il a aussi financé la construction d'un théâtre. À l'instar d'Alfred Nobel, il a créé des prix scientifiques dotés d'un million de dollars.

L'activité du KIPAC est concentrée sur les grandes questions astrophysiques et cosmologiques (c'est à dire liés à l'évolution de l'univers) : trous noirs, matière noire, énergie noire, grandes structures de l'univers ... Les problèmes sont aussi bien abordés par leurs aspects théoriques que par l'intermédiaire de projets expérimentaux.

L'environnement est très jeune, il y a une petite armée de postdocs venus passer quelques années à travailler sur les questions évoquées plus haut aux côté de quelques uns des plus brillants scientifiques du domaine. J'en ai croisé quelques uns ce matin à qui je n'aurai pas donné plus de 17 ou 18 ans (ils en ont probablement un peu plus)  et qui n'auraient pas détoné dans une épisode de The Big Bang Theory !

Parmi les nombreuses activités destinées à animer cette communauté scientifique et entretenir une atmosphère d'échange conviviale, j'en ai découvert une cette semaine que j'ai trouvée excellente. Tous les jours à 16h quelqu'un sonne la cloche pour appeler les habitants du bâtiment à venir discuter de science autour d'un thé et de quelques gâteaux. Le mardi et le vendredi, le thé se passe dans une grande salle de réunion et prend un tour un peu plus formel ; deux ou trois publications choisies par un vote sont sélectionnées et commentées par celles et ceux qui ont une compétence dans le domaine, puis un exposé d'un quart d'heure est fait par l'un(e) des participant(e)s sur un sujet qui lui tient à cœur (sujet de son travail, idée, réflexion personnelle, etc.). L'atmosphère est bon enfant, l'idée est vraiment d'entretenir un brassage des idées et d'amener les participants à se rencontrer et à discuter. C'est jeune, c'est dynamique et tout cela est très motivant ! D'ailleurs je me suis fait embaucher pour un talk dans 10 jours à l'occasion de de la conférence KIPAC@10.

Le Kavli Institute for Particle Astrophysics and Cosmology

dimanche 18 août 2013

Crêpes et beurre salé

Nous aussi sommes au pays du beurre salé et du crachin; il ne manque que les crêpes ( quoique, en cherchant bien !)  et les chapeaux ( en cherchant encore plus...)! Quelles différences ma foi : un peu (beaucoup) plus à l'ouest, l'océan baigne les mêmes côtés rocheuses tourmentées, mais de granit et de gneiss, point. Et le Pacifique est beaucoup moins engageant que l'Atlantique : point de baigneurs sur les plages immenses, redoutant peut-être une eau très froide et traîtresse, peuplée d'otaries et de requins ; point de petits ports côtiers berçant ses chalutiers; point de pêcheurs tranquillement installés sur un rocher ou une jetée, craignent- ils la vague scélérate ? De magnifiques paysages où les collines herbeuses ondoient dans le continuel vent marin, mais point de cabanon blotti dans les ajoncs ; les colibris y semblent moins guerriers que les troglodytes, mais leurs chants sont tout aussi dysharmonieux ! La population est accueillante et souriante, semble beaucoup moins stressée ; dans mon quartier, les gens ont à majorité les yeux bridés et parlent une langue qui m'est plus fermée que le breton (le chinois est une des langues officielles de la Californie). Et le cidre par ici, est un jus de pommes carbonaté et très souvent canellisé ! Allez, ici, c'est l'heure du petit déjeuner, je vais me refaire une tartine de beurre salé sur une galette... de pain pakistanais !

Patricia

vendredi 9 août 2013

On progresse ...

Une semaine est déjà passée, elle fut bien remplie. Dès samedi nous avions repéré une annonce sur Craigslist pour une maison qui semblait remplir tous les critères que nous nous étions fixés : quartier de Sunset, si possible meublée, deux chambres, loyer dans nos prix, disponible rapidement, etc. Lors de la visite le lendemain nous n'avons pas été déçus ; déjà la maison est bleue et pour des français à San Francisco c'est un attribut qui n'a pas de prix :-) la vue sur l'océan depuis la terrasse devant la chambre est tout simplement superbe, le propriétaire est charmant et il nous laisse quasiment tout le mobilier et les accessoires (télé, batterie de cuisine, électroménager...). Nous étions plusieurs sur le coup (dont des Suisses de Zurich que nous avons croisés), mais le label "je travaille à Stanford" vaut tous les "credit record" du monde et nous avons emporté le morceau. Nous avons maintenant hâte d'être le 22 août pour emménager dans notre palais...

Deuxième défi, acheter une voiture. Là encore Craigslist est notre ami. Je voulais un SUV (Sport and Utility Vehicle), c'est à dire un 4x4 afin de pouvoir parcourir les "dust roads" des parc nationaux, chose que nous n'avions pas pu faire en 2000 avec notre gros van. Nous avons finalement opté pour un Nissan Murano de 2004 avec 100 000 miles au compteur. Ce SUV grand luxe et totalement hors de prix quand il est neuf, se déprécie très vite aux USA. Il faudra juste avoir le pied léger comme une plume pour appuyer sur l'accélérateur, car à ce niveau là, ce sont carrément des pipe-lines qui font office de durites pour acheminer l'essence dans le moteur ! En tout cas, il est tout beau avec sa peinture métallisée dorée, notre carrosse...

Habitant San Francisco et travaillant au SLAC, j'ai rejoint la grande famille des "commuters", ces gens qui chaque jour font l'aller et retour entre la "City" et la "Valley". Le trafic est très dense et  il faut bien caler ses horaires pour passer au bon moment ; actuellement la meilleure solution semble être de partir très tôt (ceux qui me connaissent apprécieront l'effort !) et de repartir vers 16h30. C'est d'ailleurs aussi une bonne solution car cet horaire permet un recouvrement de 2-3 heures avec les collègues en France. En 2000, le "commuting" était l'occasion de voir les gens faire les choses les plus incroyables en conduisant, j'ai même vu une personne se laver les dents ! J'ai l'impression que les californiens se sont assagis et je n'ai encore rien vu de vraiment étrange.

Pour finir sur une touche colorée, voici le "californian poppy" l'un des symboles de la Californie, croisé lors d'une balade sur le mont Tamalpais.






samedi 3 août 2013

Installation

"The coldest winter I ever saw was the summer I spent in San Francisco" - Cette phrase attribuée à Mark Twain résume assez bien notre "ressenti thermique" après 48h passées dans cette belle ville. Fidèle à sa réputation, le brouillard est là, accompagnant l'air froid venu de l'océan. Aujourd'hui nous avons eu 30 minutes d'éclaircie avant que la brume ne revienne. Il en sera ainsi jusque vers la fin du mois, puis le beau temps s'installera pour quelques mois.

Vendredi, fut mon premier jour de travail au SLAC. Parti dans le froid et le brouillard, le soleil était là dès l'aéroport passé. La transition est vraiment étonnante, je pense que le thermomètre doit monter de dix bons degrés en l'espace de quelques kilomètres. À l'instar du soleil de Palo Alto, l'accueil par le "International Services" du SLAC fut vraiment chaleureux et les détails administratifs relativement vite réglés.

Le campus du SLAC est un petit paradis verdoyant et fleuri où il fait bon travailler. Le décor tranche vraiment avec le CERN et son allure à la fois "high tech" et vieillotte.


Dans la cafétéria du SLAC (le Harvest Cafe) il est courant de croiser deux ou trois vieux prix Nobel qui déjeunent ensemble la casquette vissée sur la tête. Personne n'y prête vraiment attention, sauf quelques jeunes étudiants ou postdocs, pas encore habitués à cette ambiance si particulière et stupéfait de croiser quelques uns des grands noms qui ont fait progresser la physique.

À San Francisco, nous occupons l'appartement prêté par Michèle le temps que nous trouvions une maison à louer. Celui-ci se trouve dans le quartier de Sunset, non loin de là où nous habitions entre 1998 et 2000.



Le quartier est sympa et pratique, c'est là que nous concentrons nos recherches pour trouver un logement.

La première tâche que nous avons accomplie vendredi, fut d'ouvrir un compte en banque. Cela nous pris deux bonnes heures, mais encore une fois, quel accueil étonnant ! L'une des employées entendant que nous cherchions une maison, a pris la peine de téléphoner à une de ces connaissances qui avait justement un logement à louer, la directrice de l'agence est venue discuter avec nous des mérites respectifs des systèmes américains et français, puis, Patricia s'excusant d'avoir fait rester les employés au delà de l'heure de fermeture, la responsable nous a simplement dit en rigolant "pas de problème, c'est vendredi, après ça je vais aller boire un coup à côté ..."  Et cette façon d'être est naturelle, il ne s'agit pas de flagornerie, c'est un réel sens de l'accueil du client, doublé d'une bonne humeur naturelle.

Voilà, en deux jours nous avons retrouvé l'ambiance qui nous avait tant plu il y a 14 ans et c'est plutôt cool ! 

mardi 30 juillet 2013

Départ

Voilà, les cartons sont prêts, les déménageurs viennent demain enlever les 5 m3 d'affaires personnelles que nous emmenons avec nous. Après-demain nous serons dans l'avion pour San Francisco où nous allons passer au moins deux ans, moi dans le cadre d'une "mise à disposition" au SLAC (Stanford Linear Accelerator Center) au cours de laquelle je vais me consacrer à la préparation du projet LSST (Large Synoptic Survey Telescope) et Patricia en tant qu'accompagnante bien décidée à profiter de la Californie pour prendre du temps pour elle.
Le mois qui s'achève a été consacré à régler les innombrables "détails" administratifs : visas, couverture médicale aux US, sécurité sociale en France, assurance, déménagement, maison à remettre un peu en état, etc. Tout est à peu près en ordre et le reste se solutionnera sûrement. 
Sur place, il faudra trouver une maison suffisamment grande pour recevoir la famille et les amis, acheter une voiture, passer le permis de conduire, s'immatriculer à la sécurité sociale US, ouvrir un compte en banque, prendre des abonnements téléphoniques, ... bref, un bon mois qui s'annonce !
Du côté du boulot, cela risque de démarrer sur les chapeaux de roues, puisque dès le 12 août je serai à Tucson-Arizona pour une série de réunions techniques. J'ose à peine imaginer la chaleur en Arizona au milieu du mois d'août... il faudra penser à prendre une petite laine pour se protéger de la clim poussée à fond dans les bâtiments :-)

Nous laissons notre maison pour un temps ainsi que la vue sur le Mont Blanc lorsque le temps s'y prête :